par Louvois » Ven Aoû 29, 2008 6:08 pm
j'ai eu une réponse :
Vous avez raison beaucoup de châteaux sont actuellement en ruine et ont
subi les ravages du temps et des hommes. Guédelon est en effet un
château "neuf" et ce pour une raison précise : la législation.
Nous ne pouvions pas reconstruire sur des vestiges de château existant.
La loi ne nous le permet pas. La charte Internationale de Venise signée
en 1964 par les techniciens et architectes des Monuments Historiques
impose un cadre bien défini pour toute restauration de Monuments
Historiques. Ainsi, pour résumer, il est possible de consolider un
monument pour stopper les ravages du temps, de procéder à des
restaurations MAIS en tenant compte du vécu historique du bâtiment
(changements des canons architecturaux au fil des siècles, destruction
lors de faits historiques...) En bref, un château du XIII è siècle, qui
aurait inévitablement connu des modifications architecturales à la
Renaissance et endommagé à la Révolution par exemple, ne pourrait être
restauré de nos jours dans sa forme primitive du XIIIè siècle. Il
faudrait impérativement prendre en compte les aléas esthétiques et
historiques du temps pour envisager sa restauration.
Extrait de la charte de Venise :
/Article 9. La restauration est une opération qui doit garder un
caractère exceptionnel. Elle a
pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et
historiques du monument et se
fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents
authentiques. Elle s'arrête là où
commence l'hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales,
tout travail de
complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques
relève de la
composition architecturale et portera la marque de notre temps./
C'est la raison pour laquelle certaines restaurations peuvent comporter
des éléments architecturaux pouvant apparaître comme anachroniques
("Toute restauration (...) portera la marque de notre temps") Voir par
exemple la restauration de l'entrée du château de Falaise en Normandie
qui peut surprendre ! (voir photo en pièce jointe, les plaques de béton
ne sont pas provisoires, ce sont les fameuses "marques de notre temps")
Sur ce principe de la charte de Venise, non seulement nous n'aurions pas
eu les autorisations nécessaires pour reconstruire un château tel qu'il
aurait pu être au XIIIè siècle mais en plus nous aurions été à côté de
notre projet d'archéologie expérimentale. En partant de rien, nous
pouvons tenter de retrouver tout le processus de gestation d'un monument
en construction dans un temps donné.
VITAM IMPENDERE VERO, JUVÉNAL, satire IV, v. 91