Attention vous vous égarez du point clef sur le fin de vos posts !
1) Bien sûr qu'à partir de l'instant où l'un des camps perd sa cohésion, et que les divers morceaux du front commencent à tomber en morceaux, alors là la chute est proche : la poursuite commence, ceux qui tournent le dos sont des hommes morts etc... Mais ce n'est pas le sujet. La question porte sur 2 armées "consentantes" à se battre en "mêlée générale".
Au passage, remarquez tout de même que pour exprimer ce point de rupture, ce début de "sauve qui peut", alors vous avez été tous les 2 rapidement amenés à évoquer un front ; un front préexistant donc... ce qui apporte de l'eau à mon moulin me semble-t-il !
2) Bon je reprends, situation d'infiltration au moyen-âge cités par vous :
- Bouvines / Philippe
- Azincourt / Alençon
- Bouvines / Brabançons
Concernant Philippe à Bouvines
Quel crédit pouvons nous apporter aux sources qui ont bien entendu - c'est prouvé - largement magnifié le rôle de l'host et de son roi, à la gloire de ce dernier ? (à vaincre sans péril...)
OK, il n'y a pas de fumée sans feux, donc il s'est passé quelque chose. Mais il se pourrait tout aussi bien que ce soit moins épique : l'ennemi, appercevant Philippe, décide de s'approcher en masse pour le tuer (je crois qu'ils en avaient fait le serment). Ils génèrent alors une mêlée, certes, mais très ponctuelle : en rien générale. Il se pourrait très bien que Philippe entouré des siens, plie sous la masse dans un premier temps, puis que finalement du renfort le sauve.
De tout cela, aucune preuve de mêlée généralisée. Je veux dire aucune preuve d'absence de ligne de front. Pas au sens 14-18 de la Suisse à la Manche, mais disons aucune preuve d'absence de ligne de front par morceaux (aile gauche, droite et centre).
Et quoi ? Veut on nous faire croire que soudainement, Philippe c'est avancé seul au milieu de l'ennemi ? Ce n'est pas impossible mais semblerait relever plus de la faute d'inattention ou du concours de circonstances de la part d'une homme aussi avisé. Il reste bien sûr la possibilité d'un peu d'impétuosité...
Justement. Alençons à Azincourt faisant preuve d'impétuosité semble-t-il. C'est possible. Chevalerie impétueuse... en groupe cela c'est vu ! (Crécy...). Mais seul ! ?
Là encore, quels crédit accorder à la source que tu cites ? Je préfèrerais une source proche de Gloucester... qui en l'occurence, n'aurait pas a priori intérêt à exagérer ce qui le place en situation de quasi assassinat.
Ardant du Picq l'évoque dans son étude des combats antiques. Il ne prétend pas qu'il n'y a jamais infiltration, mais précise que lorsque cela arrive, les malheureux infiltrés n'en ont guère pour longtemps. Il n'exclut pas non plus la possibilité d'impétuosité sporadique.
Mais en subtance il montre que c'est l'exception et pas du tout la règle.
3) Bon, je récapitule.
la question que je vous soumets concerne la présence de "mêlées générales" alors que les deux camps consentants, tiennent encore bon (j'exclu le cas du point de rupture dépassé par l'un des camps).
Par "mêlée générale" j'attends une multitude de groupes de quelques combattants (2, 3 ou 4 ?) ne s'occupant que des ennemis de leur groupe et peu de ceux des autres groupes.
La question est la suivante : est-ce que, au moyen-âge, il n'y avait pas comme aux autres époques semble-t-il, de "mêlée générale" (autres que ponctuelle, exceptionnelle), ou bien est-ce que au contraire la "mêlée générale" était vraiment disons, fréquente, délibérée, concernant la majorité des combatant.
- S'il n'y en avait pas, c'est que nous nous sommes tous laissés prendre par les romantiques, et que les hommes du moyen-âges étaient comme tous les hommes en situation de combat à travers les ages : très peu enclins à s'aventurer à quelques uns au milieu de la masse adverse.
- S'il y en avait c'est que Hollywood (Robin des bois, d'Artagnan...) a raison de nous présenter la guerre de cette époque comme une sorte de bal avec des couples tournoyants. C'est très intéressant. Cela veut dire qu'il s'est vraiment passé quelque chose sur le plan du guerrier dans ce coin de la planète à cette époque ; à chercher probablement dans les fondements de la chevalerie.
Mais pour l'instant, les exemples que vous avez cité ne suffisent pas. Pour Philippe et Alençons, ils concernent dans les deux cas, d'hommes particuliers que les chroniqueurs auront voulu magnifier.
La question porte sur une mêlée
générale, pas sur quelques individualités.
4) Restent les Brabançons qui se font tuer sur place. Il y a d'autre cas, en particulier concernant des hommes plutôt très disciplinés pour leur époque (infanterie avec armes d'hast).
Tout d'abord, s'ils n'ont pas fui - c'est ce qui fait que le cas est cité - c'est probablement parce qu'ils savaient vraiment par leur entrainement/professionnalisme que la fuite aurait signifié mort certaine.
Ensuite ce cas n'est pas pertinent pour la question posée : est-ce que ces Brabançons se sont retrouvés en mêlée généralisée ? L'histoire ne dis pas qu'ils ne sont pas restés en rang serré. De plus, s'ils se sont retrouvés dans cette situation, c'est plutôt à la fin de la bataille, alors que le reste des ennemis est en déroute depuis un moment. On n'est donc plus dans le cas de 2 armées s'affrontant délibérément en mode mêlée générale.
5) J'ai en tête un autre exemple, la bataille de Courtray (les fameux éperons d'or) qui voit le début de la rennaissance de l'infanterie.
Là, pas mal de malheureux chevaliers (de France) après une charge vaine car n'ayant pas provoqué la déroute des milices flamandes, se retrouvent isolés au milieu d'une pietaille qui n'en fait qu'une bouchée... Mais ce cas ne prouve rien non plus. Il ressemble plus à une situation exceptionnelle, certainement non voulu.
Pis, on retrouve les conclusions d'Ardant du Picq indiquant que pour les malheureux qui se retrouvent en situation d'infiltration (le plus souvent à leur insu)... la messe est dite.
6) Cela me donne à penser qu'il faudrait distinguer plusieurs sous cas de figure à ma question centrale suivant que les hommes sont montés ou pas. Concrètement : y avait-il fréquemment et délibérément de la part des 2 cotés, mêlée générale voyant s'affronter :
- cavaliers contre fantassins
- cavaliers contre cavaliers
- fantassins contre fantassins
Rappel : Ardant du Picq répond par la négative aux 3 cas pour l'antiquité et le XIX siècle... mais pour le moyen-âge ? Rien n'est clair pour l'instant. Les cas cités précedemment ne prouvent rien !
Amis, à vos exemples !