Louvois a écrit:Tutelle et morcellement :
1070 : début de la guerre de succession de Baudouin VI : cassure entre la Flandre et le Hainaut
Je détaillerai à part cet épisode : 1 Pb à la fois
je complèterai le post par des éléments pouvant intéresser + précisement tel ou tel secteur.
Guerre de succession :
A la mort de Baudouin V, en 1067, son fils Baudouin VI règne sur la Flandre et le Hainaut. Pour arriver à ce résultat, son père l'a marié à l'héritière du Hainaut et l'a institué seul héritier au détriment de son second fils Robert qui dut renoncer à ses droits sur la Flandre. En 1070, Baudouin VI meurt laissant l'ensemble de ses terres à Arnoul III. Baudouin V est donc passé d'un système de succession de type mérovingien ou carolingien (partage du Domaine entre tous les fils) en un type semi-salique où, seul, le premier fils hérite du patrimoine. Seule enfant, Richilde hérite du comté de Hainaut de son père alors que les Louvain, descendants de Lambert 1er – second fils de Rainier III, comte de Hainaut – ne revendique pas la succession : elle n'est donc pas complètement salique.
Cependant, en 1070, Robert le Frison, revient sur sa renonciation … l'âge de Arnoul III, son neveu (15 ans) n'y est sans doute pas étranger … d'autant que Richilde, qui régente au nom de son fils, n'a pris que des conseillers du Hainaut et de la Flandre française. Robert le Frison, s'appuie donc sur ses partisans hollandais (où il a trouvé son épouse) et sur la Flandre maritime "oubliée" par Richilde. Au début de 1071, Robert le Frison attaque par le nord pendant que Arnoul III prépare sa défense dans le Hainaut tout en étant renforcé par les comtes de Boulogne et de Saint-Pol. Le châtelain de Saint-Omer capture Robert le Frison à l'issue de la bataille. Le roi Philippe 1er participe également à la défense de son vassal contre les Flamands de Robert. Celui-ci, malgré des effectifs en retrait, prend ses ennemis par surprise et gagne la bataille. Arnoul III meurt dans la mêlée, Richilde est prisonnière, Philippe 1er est en fuite. Pour achever la plénitude de cette victoire, Robert le Frison part à la poursuite de ses adversaires … et rencontre le châtelain de Saint-Omer qui avait conservé intact son détachement .
La position du roi de France devient ambiguë et les vassaux du comte de Flandre craignent une invasion … bien étrange victoire où le vainqueur est prisonnier, et un des vaincus, alors en fuite, met en émoi toute la contrée … En réalité la situation est plus simple qu'il n'y paraît : Robert le Frison s'est acquit une double légitimité : celle des armes et la dynastique car il est vainqueur, et son neveu défunt n'a pas d'enfant mais il est entaché de son état de fratricide. Philippe 1er est certes en fuite mais il reconstitue ses forces à Montreuil-sur-Mer. A sa frontière, un comté vassal aux mains d'un rebelle est marqué par l'instabilité, déchiré entre un adolescent et un usurpateur … proie facile pour s'ingérer dans les affaires flamandes … A cause de ces risques de tomber sous la coupe française, les vassaux font désormais bloc derrière le parti "légitimiste" et soutiennent Richilde ; leur champion est Baudouin, second fils de Richilde.
Au printemps 1071, un magistral statut quo se met en place : Philippe 1er reçoit l'hommage de Robert le Frison pour le comté de Flandre, Baudouin II garde le Hainaut … le projet d'union de la Flandre et du Hainaut de Baudouin V est totalement anéanti.
VITAM IMPENDERE VERO, JUVÉNAL, satire IV, v. 91