Cavaliers Turcomans

AGER SANGUINIS présente les combats acharnés des descendants de Bohémond de Tarente, fils de Robert Guiscard et fondateur de la principauté d'Antioche au Moyen Orient.  AGER SANGUINIS reprend les règles des jeux de la série et ajoute des règles spécifiques pour la gestion des dromadaires ou des lanceurs de naphte.

Cavaliers Turcomans

Messagepar Born Again 2 » Mer Jan 17, 2024 7:35 pm

Les pions TCL sont représentés portant armure sur le torse. Pour autant leur facteur défensif n'est pas cerclé de rouge.
Cela me surprend, d'autant que les archers à cheval (TCA) eux ont bien leur facteur défensif cerclé de rouge.

Un oubli pour les turcomans, n'est-ce-pas ? Ou est-ce volontaire ?
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Re: Cavaliers Turcomans

Messagepar buxeria » Jeu Jan 18, 2024 11:07 pm

Tous les attributs des pions TCL (valeurs de combat, PM, vitesse du cheval) confirment que ce sont des Cavaliers légers (d’où le ‘l’ dans Tcl. Les pions à pied et à cheval n’ont pas de cercle, donc c’est cohérent. Quant au dessin avec une protection sur le torse, j’ai considéré qu’elle était suffisamment sommaire pour ne pas justifier un cercle rouge. Les pions Tca ont une cotte de mailles couvrant les bras, pas les pions Tcl.
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Re: Cavaliers Turcomans

Messagepar Born Again 2 » Lun Jan 22, 2024 8:20 pm

Réponse parfaitement précise, merci.
Pour les Turcomans, je ne résiste pas au plaisir de citer une thèse accessible gratuitement en ligne, d'intérêt majeur pour les joueurs de Cry Havoc.
Auteur Alain TAMI 2012
https://theses.hal.science/tel-00735126/document

Les ethnies :
Nous allons tenter d‟éviter les pièges posés par la simplification des termes désignant des catégories ethniques médiévales en réalité très complexes. En effet, souvent les textes
proposent des termes génériques pour désigner un groupe humain qui est en fait très hétérogène. Ainsi, le terme "Ifranğ" (Francs) des chroniqueurs musulmans pouvait concerner
dans le réel des Vénitiens, des Arméniens, des Lombards, et non exclusivement des Francs ; parallèlement, le terme "Turci" (Turcs) des auteurs latins pouvait désigner Turcs et
Turcomans en même temps 408.
La tradition d‟incorporation de groupes ethniques divers dans les armées musulmanes apparaît être un phénomène assez ancien409. Nous avons vu plus haut que déjà les Abbassides
enrôlèrent des contingents de Persans puis de Turcs. Le grand vizir seldjoukide Niām al-mulk fit même de cette tendance des armées musulmanes à être composites une règle à suivre
afin d‟obtenir la bonne organisation du dispositif militaire :
"Il est dangereux d’avoir une armée composée d’hommes de même origine. Ils n’auront pas l’esprit de l’effort et de la concurrence et la confusion régnera dans leurs
rangs. Il faut donc avoir des soldats de toute origine. Tel était le système du sultan Mamūd qui entretenait des armées d’origines diverses : Turcs, Khorassaniens,
Arabes, Indiens, Deïlemites, gens du Ghour. […] Ainsi en temps de paix, pendant les nuits les uns restaient tranquilles par crainte des autres et en temps de guerre, chaque
ethnie faisait tout son possible pour garder intacts son honneur et sa renommée"410.
Si l‟on connaît mal les détails tactiques des armées composites des Grands Seldjoukides , on sait simplement que ce conglomérat d‟ethnies différentes fonctionnait
408. Sur ce thème, voir A. Zouache, Armées et combats en Syrie, p. 200-204.
409. Carole HILLENBRAND, Islamic perspectives, p. 439-440.
410. NIM AL-MULK, Siyāsat name, trad. H. Dorke, 1968, Téhéran, in : Anthologie mondiale de la stratégie,
G. Chaliand, p. 526.
290

puisqu‟il permit à cette dynastie turque de conquérir de grands territoires. Comme leurs prédécesseurs, après la conquête d‟une région, ils recouraient aux populations soumises.
Après que l‟Empire fut scindé en trois, chacune des branches seldjoukides perpétua la tradition d‟intégration de diverses ethnies dans ses armées411, ainsi, la branche syrienne, qui
eut affaire directement aux premières vagues croisées, comptait essentiellement trois groupes : une majorité de Turcs (Turcomans ou mamlūk-s), des Arabes et des Kurdes. Nous
avons déjà évoqué longuement les origines des Turcs ainsi que leur présence et leur rôle dans les armées musulmanes412, nous nous pencherons donc ici sur la présence des Turcomans
dans les armées seldjoukides au début du XIIe siècle, puis dans celles des Zankides.

Les premiers textes latins ne font pas la distinction entre les Turcs et les Turcomans, les deux groupes sont englobés par le vocable "Turci" 413 . Guillaume de Tyr, qui est natif
d‟Orient, distingue, quant à lui, les deux groupes, notamment en les hiérarchisant tout en leur attribuant une origine commune414. Évidemment, les auteurs musulmans ne confondent pas
Turcs et Turcomans. Ce dernier groupe rassemble des tribus nomades ou semi-nomades d‟origine turque venant des steppes d‟Asie Mineure, certaines d‟entre elles arrivèrent en Syrie par vagues successives à partir de la seconde moitié du XIe siècle. Leurs relations avec les chefs turcs seldjoukides étaient complexes et souvent agitées, et c‟est en général l‟appât du gain (ils se vendaient au plus offrant, même chrétien)415, plus que la défense de l‟islam, qui motivait ces hommes à aider leurs employeurs, de plus, leur loyauté allait d‟abord à leur tribu,
ce qui les rendait d‟autant plus incontrôlables. Toutefois, en dépit de cette versatilité et de leur mode de vie assez rude, leurs qualités martiales, notamment à partir de Zankī, les rendirent
indispensables à la contre-croisade416. Il est vrai que dans un premier temps (au début du XIIe siècle), les tribus turcomanes étaient des hordes déprédatrices, militairement peu efficaces,
que les chefs seldjoukides voulaient canaliser, car elles mettaient en péril un équilibre géostratégique fragile417. Sous le règne de Zankī, le rôle des Turcomans dans les armées
musulmanes grandit, il les intégra pleinement au dispositif militaire. Il les installa dans des campements autour d‟Alep, ainsi, ils étaient à disposition des chefs militaires qui pouvaient

411. Abbès ZOUACHE, Armées et combats en Syrie, p. 255.
412. Voir supra, p. 161-169.
413. ANONYME, Gesta, p. 37, 41, 43 ou encore 115.
414. GUILLAUME DE TYR, Historia, trad. F. Guizot, t. I, p. 15-16.
415. Les Turcomans se battirent en tant que mercenaires pour des chrétiens arméniens ou pour les Byzantins, voir
Y. Lev, Saladin in Egypt, p. 151.
416. Carole HILLENBRAND, op. cit., p. 441.
417. Jean-Michel MOUTON, Damas, p. 264.
291
faire appel à eux à chaque instant. Cependant, Zankī ne put leur autoriser de s‟installer intra- muros. Ce refus est révélateur de la violence qu‟ils inspiraient encore 418 . Nūr al-dīn
prolongea, et même accentua, l‟association des Turcomans avec l‟armée régulière. D‟ailleurs, contrairement à son père, il accepta l‟installation de ces turbulents alliés dans Alep, où ils
purent créer leur propre quartier419. À partir de 1149, il n‟est pas un coup de main, pas une expédition effectuée par les troupes d‟Alep où n‟apparaissent les Turcomans420. Lors de la
troisième expédition de Širkūh en Égypte, ce dernier loua les services de six mille cavaliers turcomans avec une partie des 200 000 dinars que lui alloua Nūr al-dīn. Ce contingent
représentait la grande majorité de cette armée puisqu‟à côté d‟eux se trouvaient deux mille hommes de troupes régulières, ainsi que cinq cents mamlūk-s appartenant à Širkūh421. À
l‟image de ce dernier exemple, on peut affirmer que les Turcomans représentaient une force vive dont les chefs musulmans de la contre-croisade ne pouvaient se passer.


Zanki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Zengi
Dernière édition par Born Again 2 le Mar Jan 23, 2024 12:02 am, édité 1 fois.
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Re: Cavaliers Turcomans

Messagepar Born Again 2 » Lun Jan 22, 2024 10:59 pm

Attention, les 3 cavaliers turcomans de la boîte Aeger Sanguinis sont correctement représentés portant des arcs. Mais si on prend la règle au pied de la lettre, comme la 3 ème lettre de leur code n'est pas un a, ils ne peuvent pas tirer à l'arc. Leur codage est TCl, or l signifie ... infanterie légère.

En réalité ils utilisaient bel et bien des arcs composites. Je pense que le bon codage est donc Tca, et que, sous leur forme "montée", ils faut leur permettre de tirer à l'arc composite.

Extrait de la thèse citée plus haut :
L'arc composite est l‟arme de prédilection des cavaliers turcs dont la tactique fondée sur le tir au galop perturba les Francs. Sa structure particulière en fit une arme autrement plus puissante
que les autres arcs musulmans. Alors que chez les Arabes, l‟archerie était surtout l‟affaire de l‟infanterie, chez les principaux adversaires des Croisés, les Turcs, elle était pratiquée par les
cavaliers. Et si les Arabes utilisaient aussi l‟arc composite, il semble que le leur, plus large, fût d‟influence byzantine plutôt que turque.

Les origines de l‟arc composite sont anciennes, et si les dates sont incertaines, une chose est sûre : son berceau est incontestablement l‟Asie et il est d‟origine sino-mongole. On
suppose que les nomades des steppes conçurent cette arme autour de 2000 avant l‟ère chrétienne, toutefois, le premier texte mentionnant l‟arc composite est le traité d‟art militaire
du grand stratège chinois Sun Tzu (IVe siècle avant J.-C.)665. Les Turcs, dont les origines sont chinoises, emportèrent l‟arc composite avec eux dans leurs diverses conquêtes. C‟est ainsi que
les Turcomans et les Seldjoukides turcs, qui vinrent en Syrie à partir du XIe siècle, utilisèrent cette arme de jet puissante contre les Byzantins, puis contre les Croisés.

Sympathique à relever : Foucher de Chartres qui remarque
que les arcs ennemis furent détruits par la pluie, car ils étaient "fabriqués à l‟aide de colle"667.
Foucher met le doigt sur l‟une des grandes faiblesses des arcs composites (dont la colle est un des éléments) : ils craignent l‟humidité. Un bon arc composite était cher mais aussi fragile, son propriétaire devait en prendre grand soin, surtout en campagne où il était difficile d‟effectuer des réparations onéreuses en cas de casse. D‟ailleurs, des étuis avaient été conçus pour protéger les arcs de la pluie lors des transports. Toutefois, au moment des combats, l‟archer ne pouvait évidemment pas maintenir son arc dans sa protection ; par conséquent, lors d‟affrontements sous la pluie,
l‟archer avait trois solutions : utiliser son arc et risquer de l‟abîmer, choisir de se battre au corps à corps avec d‟autres armes ou bien quitter la bataille.
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Re: Cavaliers Turcomans

Messagepar Born Again 2 » Lun Jan 22, 2024 11:23 pm

Les armées seldjoukides se composaient principalement de Turcomans (Turcs nomades ou semi-nomades) experts en archerie montée, et dont la pugnacité et l‟efficacité au combat étaient
redoutées de tous74. Ils pratiquaient avec habilité et dextérité le tir avec les flèches normales et celui avec les fléchettes ; ils semblaient souvent atteindre leur cible. Cependant, il est essentiel de noter que généralement les salves de flèches ne suffisaient pas à donner la victoire, le combat rapproché était souvent nécessaire. Les artisans de la défaite infligée aux Byzantins à Mantzikert (1071) furent avant tout les cavaliers seldjoukides professionnels plutôt que les Turcomans. Pendant la bataille, le sultan mit son arc sur le côté, puis il prit sa masse et son épée afin d‟accomplir la charge finale. Selon les chroniqueurs francs, les Turcs mettaient leur arc à l‟épaule avant de charger75. Cette description amène à penser que ces assaillants seraient
des cavaliers professionnels (ġulām-s) plutôt que des Turcomans. De tels combattants se servaient de lances, de masses et d‟épées lors des charges 76 . Toutefois, selon certains
historiens, les Turcomans savaient charger également à la manière de leurs employeurs les Grands Seldjoukides77.
Dans la seconde moitié de XIe siècle, on vit la pratique de l‟archerie montée perdre un peu d‟importance dans les armées musulmanes de Syrie. En fait, les Turcomans furent relégués aux frontières à cause de leur instabilité politique. Ils continuèrent toutefois à exercer leurs activités guerrières, et ils devinrent des ġāzī-s ou combattants de la foi. L‟État instauré
par les Seldjoukides de Rūm en Anatolie était en fait une sorte de province turcomane78.
Pendant ce temps, la dynastie des Grands Seldjoukides commençait à décliner, et avant la venue des Croisés diverses dynasties virent le jour ; ces dernières conservèrent néanmoins
l‟organisation militaire de leurs prédécesseurs seldjoukides. Mais il serait faux de dire que ce système était majoritairement turcoman. En effet, les armées seldjoukides avaient été depuis
longtemps divisées en deux parties : un petit groupe composé de combattants professionnels (ġulām-s) et de mercenaires, et un grand groupe composé d‟auxiliaires tribaux,
essentiellement des Turcomans et des Arabes bédouins79.
Signalons que même si les Turcomans furent moins nombreux dans les armées musulmanes après le déclin des Grands Seldjoukides, d‟une part, les tenants de la contre-croisade
les engagèrent souvent dans leurs rangs 80 et, d‟autre part, l‟archerie montée, pratiquée également par les Turcs sédentaires, restait un élément essentiel de la tactique
musulmane.
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