Thierryv a écrit:Les herses n'étaient pas entièrement toutes en fer?
Je me rends compte que j'ai loupé cet échange !
Je pense que la herse en fer est un mythe (tout comme l'huile bouillante) pour la période qui nous intéresse: la quantité de fer nécessaire devait être ahurissante pour l'époque et posait donc 2 problèmes:
- Qui paye ? N'oublions pas que l'argent était déjà le nerf de tout à cette époque. Seuls des princes de haut rang pouvaient sans doute se l'offrir.
- Le coût d'opportunité : En supposant que j'aie les moyens de m'offrir une herse en fer, est-ce que je n'ai pas un meilleur usage à faire de tout ce métal (des armes ou des armures par exemple).
Quelques autres points de réflexion:
- Dans l'étude que j'ai faite des différents châteaux de la vallée du Grésivaudan à partir des inventaires de 1339, les herses ne sont jamais mentionnées alors qu'elles existaient (voir les rainures sur les côtés des portes pour les laisser coulisser). Elles devaient donc être en bois, matériau putrescible, donc sans valeur marchande à la différence de la pierre ou du fer.
- Si vous regardez la largeur de ces rainures dans différents châteaux, vous constaterez qu'elles font toujours typiquement au moins 10 cm de large, soit la largeur d'un solide madrier. Une herse en fer n'aurait pas besoin d'une telle largeur.
- La herse en fer est beaucoup moins résistante au coups de bélier qu'un assemblage de grosses poutres de bois, donc elle n'a pas d'intérêt jusqu'à l'apparition de l'artillerie à boulet.
- On voit de nos jours des châteaux avec herses en fer, mais ce sont typiquement des ajouts postérieurs (XVIe siècle et au delà).
Donc, y a t'il eu des herses en fer au XII/XIVe siècle ?
- Sans doute quelques rares exemplaires qui ont marqué leurs contemporains car c'était totalement inusité à l'époque. Les chroniqueurs ont donc abondamment repris ce thème "car c'était merveille" et le lecteur moderne s'imagine que c'était la norme vu que ce sont les seuls textes que l'on a. D'où aussi mon parallèle avec l'huile bouillante : l'huile coutait trop chère pour être gaspillée à être jetée à la tête de vils assaillants. Il a suffit qu'une garnison en manque d'eau ou d'autres projectiles en ait été réduite à lancer de l'huile pour que l'info soit reprise par les chroniqueurs et soit considérée comme normale par les générations suivantes.
- Je pense plutôt à des herses en bonnes poutres de chêne renforcées par des clous.
Donc çà peut brûler, CQFD