J'ai lu avec attention et intérêt le sujet concernant la cadence de tirs des long bows anglais mais j'ai été étonné que personne n'aborde la question de l'efficacité de ces tirs

Les règles de tir de CH sont AMA carrément optimistes avec une proba de base de 10% (longue distance terrain clair ou moyenne avec couverture légère) pour un long bow de malmener un chevalier ou un fantassin en armure. Ceci s'explique aisément par le fait que les affrontements se déroulent sur un ou deux cartes et que des proba plus "historiques" rendraient l'utilisation des tireurs anecdotiques.

Simplement pour me faire une idée, j'étais parti des données d'Azincourt, où 5000 français avaient succombé. Sachant que les blessés avaient été achevés, j'avais un chiffre brut plus exploitable que dans le cas de l'affaire de Crécy où les pertes de roturiers sont incertaines.
Ainsi je suis parti de l'hypothèse "basse" de 250 000 flèches tirées pendant la bataille et que ces flèches ont contribué au décès des victimes (ce qui est manifestement excessif même si on admet le cas peu probable du soldat transformé en hérisson qui contrebalancerait l'hypothèse : n flèches touchent un même homme au lieu d'une, mais tous les tués n'ont pas été touchés par des flèches). J'arrive donc au résultat qu'au mieux" une flèche sur 50 a donné un résultat, les 49 autres s'étant égarées. Et voici mes "2% au mieux".
Il faut reconnaitre que jusqu'à Azincourt compris, les français négligèrent les archers lors des combats et si on regarde une bataille comme Formigny (1450), c'est la faillite des archers car les troupes française se sont sérieusement intéressées à leur cas. On avance la présence des couleuvrines de frères Bureau, mais ce n'étaient pas des 75 mle 97 et il est étonnant que les long bows ne se soient pas plus approchés pour les neutraliser car les portées pratiques des deux armés étaient assez proches (250m contre 180m) et qu'une avalanche de traits aurait pu avoir raison des "artilleurs" comme des chevaliers à Crécy d'autant que les premiers étaient moins blindés que les seconds. Ceci m'amène à une première supposition :
- pour être efficace, le tir des long bows impliquait qu'ils se rapprochent suffisament des coulevrines au point d'être menacés et de risquer d'être vaincus par les cavaliers français qui se tenaient en retrait. D'ailleurs Kyriel préféra envoyer des hallebadiers pour neutraliser les canons plutot que ses archers ce qui laisse supposer que la mitraille n'était pas si terrible et que les archers étaient efficaces à courte distance et avaient avant tout une mission défensive.
Le dernier point est partiellement conforté par Keegan qui indique qu'à 200m, le tir des archers provoquait un tintement désagréable sur les armures et tout au plus des piqûres aux chevaux, les rendant incommodes, des blessés nenni.
Un autre point portant sur l'efficacité concerne le mode de tir. Personnellement je suis incrédule concernant le tir en cloche

Ceci me conduit à suposer que les tirs se faisaient dans l'arc 0°-45° et si possible en tirs tendus, plus faciles à ajuster
De plus la remarque de Santino :
Plus une question qu'une taquinerie en fait, basée sur les tests faits par le Royal Military College of Science Testing Ground :
- eux, ils balancent visiblement 9 flèches en 30s... mais passons, ça doit pas être la norme !
- leurs tests montrent que la vélocité de la flèche de guerre ( 65-100 g ) se perd très vite : si elle perfore de la plate à 20m, elle fait une mini bosse à partir de 80m et plus... donc si tu lances ta flèche à 280 km/h initialement, comment se fait-il qu'en retombant à 170 km/h à longue portée elle ne perfore plus rien ( à cause des 100 Km/h ? de l'angle ? ) ? Où peut-être retombe-t-elle moins vite que dans ton modèle, donc en passant plus de temps en l'air ???
[ edit ] Honnêtement, je ne suis pas mauvais joueur mais curieux et intrigué par ce point !
montre que la flèche se comporte comme l'obus antichar (l'APCR pour rester précis). Donc nos archers était-ils efficaces contre une cible en armure à plus de 60m(je ne parle pas des chevaux), c'est douteux : déjà au niveau de l'effet de la flèche sur la cible et encore eut-il fallu qu'ils la touchassent.
De là, à considérer que l'archer tirant à plus de 60m se comportait comme le mousquetaire de Frédéric II qui tire massivement pour ne pas penser à autre chose et se sentir sécurisé, c'est assez probable.
Maintenant, les traits tirés à moins de 60m (soit quand même une bonne dizaine à la volée par archer) ne semblent pas avoir été décisifs à Azincourt car les colonnes sont allées au contact et que finalement les archers finirent la défaite française en attaquant à l'arme blanche. Et si on considère Formigny, on peut dire que leur action fut nulle car peu mentionnée alors qu'ils eurent néanmoins l'occasion d'arroser les français qui ne perdirent que 500 hommes au total.
Vos avis sont les biens venus !!