même de manière vitrtuelle,
avec celui qui a inventé le jeu qui m'a inspiré ces 25
dernières année est une expérience bien plus excitante. Revenons à Cry Havoc : ce jeu avait un certain nombre de
concepts innovants qui sont une des clés de sa longévité :
graphismes exceptionnels, personnages différenciés (noms,
tenues, armes, etc...). Comment avez-vous inventé tout celà
? G.C. : J'ai eu l'idée de Cry Havoc en tant que joueur
de figurines qui avait commencé à pratiquer les wargames sur
cartes : j'étais littéralement sidéré par le graphisme
des jeux proposé à l'époque. Je ne pouvais pas comprendre
que des joueurs soient prêts à passer des heures à pousser
des petits pions khaki et vert de gris à travers des cartes
couleur boue. J'ai pensé qu'il devait y avoir un moyen
plus amusant de concevoir un wargame et je décidais de m'y
mettre, avec tout l'enthousiasme de la jeunesse.
J'ai décidé de donner des noms différents à chaque
personnage car celà me semblait être l'extrême opposé de
pions verdâtres marqués “3rd Shock Army”. De la même façon,
je me suis déterminé pour l'époque médiévale car elle était
haute en couleurs avec des armements variés, des personnages
exceptionnels et une ambiance à mi-chemin entre le wargame
et le jeu de rôle. Ce n'était pas une simulation sérieuse,
ce n'était pas un travail raisonné sur le système féodal.
B : Il y a toujours beaucoup de débats au sein de la
communauté Cry Havoc au sujet des résultats de la table de
combat à
1:1. Elle semble beaucoup trop favorable au défenseur. Y a
t'il une raison à celà ?
G.C. : Cry Havoc devait être AMUSANT !!!
C'est pour celà que les combats à 1:1 sont indécis : Sir Jacques
et Sir Roger sont de force égale et échangent des
coups d'épée, esquivent ou avancent quelques fois
avant qu'un affreux paysan contourne Sir Jacques et
plante sa fourche dans les parties sensibles du-dit
Jacques, changeant ainsi le rapport de forces et
mettant tristement fin au combat.
Comme celà devait être drôle, je ne me suis pas
embarrassé d'études de marché ou cherché de
meilleurs idées. Après que Tony Webster et moi-même
eument définis les règles, je me suis mis à la
planche à dessin et ai conçu les pièces du jeu. Donc,
s'il y a quoi que ce soit dans Cry Havoc qui ne vous
plait pas, ne vous génez pas pour le changer.
B: Est-ce que les noms des différents
personnages cachent quelque chose ? |
|
G.C. : Les noms des personnages ont été choisis au hasard
à partir de noms médiévaux que j'ai pu trouvé dans des
ouvrages traitant de la période.
B : Avez-vous toujours des esquisses ou des dessins
non publiés de cartes ou personnages que vous pourriez nous
montrer ?
G.C. : Je n'ai malheureusement plus aucune note ou dessin
de cette époque. En tant qu'illustrateur, je nagerais
aujourd'hui dans un océan de papiers jusqu'à la taille si
j'avais gardé toutes mes ébauches et créations.
B : Les personnages à pied dont assez trapus et
ressemblent presque à des nains. Etait-ce intentionnel, pour
s'adapter à la forme carrée des pions ou juste un choix
artistique ? Je trouve aussi que représenter des personnages
de dos était assez osé pour l'époque. Comment vous est venue
cette idée ?
G.C. : Les personnages
sont assez petits et trapus, comme le sont la
plupart des gens. Il y a peu de personnes grandes et
élégantes dans la vraie vie. Vous avez peu de chance
de croiser dans la rue le genre de personnes que
vous voyez dans les pubs TV. Mais il est vrai que
plus le personnage est petit, plus j'avais de place
pour placer la pointe d'une lance ou d'une arme
d'hast. J'ai aussi essayé de les diversifier en
utilisant beaucoup de couleurs, en les |
|
représentant de dos, de profil,
etc. Je voulais me rapprocher le plus possible de figurines
25 mm pour wargames. J'aurais adoré produire des figurines
pour jouer avec mes cartes.
B : Parlons justement des cartes : pourquoi avoir
utilisé une couleur jaunâtre pour représenter le terrain
plat, alors que l'herbe anglaise est plutôt verte ;-) Et je
cherche toujours la croisée des chemins sur la carte du même
nom : pourquoi ce choix ?
G.C. : Je voulais que
les cartes soient hautes en couleurs et me suis
décidé sur un ton jaune sable qui pourrait être
utilisé à peu près partout dans le monde. Si j'avais
opté pour de l'herbe verte, celà n'aurait pas été
bon pour le désert, etc... J'avais vaguement pensé à
une variante au temps des Croisades et le jaune
semblait donc être un bon choix. Les noms, comme la
Croisée des chemins, ont été mis sur les |
|
cartes pour les différencier en
lieu et place de bêtes nombres froids et sans âme. Après
toutes ces années, j'avoue finalement qu'il n'y a pas de
croisée des chemins sur la carte du même nom. Je plaide
coupable !
B : Que vous inspire le fait que votre création soit
toujours admirée, jouée et augmentée 30 ans plus tard ? Si
vous deviez réinventer ce jeu aujourd'hui, que feriez-vous
différemment ?
G.C. : Je suis abasourdi que le jeu soit toujours
pratiqué et soit encore si populaire aujourd'hui. Si je
devais le refaire, je m'assurerais cette fois de gagner un
peu d'argent ! J'ai découvert un peu tard que mes
partenaires commerciaux, qui étaient deux imprimeurs,
m'avaient câché leurs énormes problèmes financiers. Je n'ai
eu aucun soutien pour développer le jeu, et j'ai dû
finalement quitter Standard Games pour gagner ma vie. Je ne
sais pas ce qui s'est passé après et qui a produit quoi :
j'étais trop occupé à essayer de joindre les deux bouts.
J'étais quand même devenu un concepteur de jeu et ai
travaillé après pour Games Workshop, où j'ai travaillé sur
la première version de Talisman, ai conçu Battlecars and Battlebikes
et ai réalisé des tas d'illustrations pour eux. C'était
avant que la société ne se tourne vers le côté obscur de la
Force, quand elle voulait encore produire des jeux
intéressants sur des sujets variés. Le reste fait partie de
l'histoire et je suis devenu un homme avec un bel avenir
derrière lui!
B : Quels sont vos projets actuels et futurs ?
G.C. : Je suis très occupé à écrire et illustrer des
livres pour enfants, mais je voudrais produire à nouveau
quelques jeux dans le style de Cry Havoc. En fait, je
travaille sur quelque chose qui ressemble furieusement au
même concept, transposé à l'époque de la poudre à canon. Y a
t'il quelqu'un d'intéressé par des jeux d'escarmouches avec
des Pirates, le Dernier des Mohicans ou Napoléon ? Des pions
individualisés bien sûr, avec des cartes encore améliorées
et un système de règles assez évolué. Malgré mes rides, je
me sens prêt pour un nouveau challenge. Si celà vous met
l'eau à la bouche, je peux même voir ce que je peux faire au
sujet de ces affrontements à 1 contre 1 sur la table de
résultats de combat...
B : Un grand merci, Gary, pour ces éclairages.
Permettez-moi de vous remercier chaleureusement au nom de
toute la communauté Cry Havoc !
Traduction de l'anglais par Buxeria - Décembre 2010 |